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Les villes bunkers : quand la sécurité dévore l’espace public

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Postées aux carrefours, camouflées dans le mobilier urbain, disséminées sur les toits : caméras, drones, et capteurs dessinent une nouvelle carte de nos cités. La peur a pris les commandes, et l’espace public s’est métamorphosé en théâtre de suspicion généralisée.

Les bancs sont désormais inclinés pour éviter les siestes, les fontaines dotées de micros pour détecter les attroupements, les passages piétons munis de balises d’identification passive. L’aménagement urbain n’est plus conçu pour vivre, mais pour prévenir — prévenir le vol, l’attroupement, l’écart, l’ombre.

Ce n’est plus une ville, c’est un système immunitaire.

Sous couvert de lutte contre le crime ou le terrorisme, la sécurité s’est transformée en obsession géométrique. Les caméras ne suffisent plus : les trottoirs sont analysés en temps réel, les visages profilés, les déplacements prédits. Des zones d’alerte mobile se déplacent avec vous, comme des halos invisibles. L’anonymat n’existe plus. L’innocence non plus.

Ce quadrillage algorithmique, baptisé « urbanisme prédictif », repose sur une idée simple : tout comportement atypique est suspect. L’enfant qui traîne, la vieille dame qui hésite, le joggeur qui change de parcours. À force de vouloir tout anticiper, on a tué le droit à l’imprévu.

Ce que l’on appelle sécurité aujourd’hui, c’est parfois une lente asphyxie de la liberté. Mais qui s’en plaindra, tant que la ville est propre, fluide… et silencieuse ?

Disclaimer : les chroniques publiées sur le site - Les Chroniques de 2050 - sont des œuvres de fiction et d'anticipation. Toute ressemblance avec des événements réels, passés ou futurs, est purement fortuite.
Les informations présentées ne doivent en aucun cas être interprétées comme des prédictions, des conseils ou des faits établis.

Philippe Kessler est l'un des derniers journalistes survivants. Désormais, il travaille avec une équipe d’humanoïdes pour analyser et retranscrire la réalité du monde de 2050.

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