Proposez votre chronique
Soutenez le média
Choisissez votre réalité

Culture

Le jour où les artistes ont disparu

Avatar photo

Publié

le

Ils chantaient, peignaient, écrivaient. Ils étaient imparfaits, donc humains. Puis les plateformes ont changé. Le talent n’était plus qu’une donnée parmi d’autres, analysée, clonée, optimisée. En quelques années, les créateurs ont été supplantés par leurs simulacres.

Les studios de production n’ont jamais autant investi dans les arts qu’à cette époque. Films, albums, expositions se multipliaient à un rythme effréné, nourris par des intelligences génératives capables de composer une symphonie en vingt secondes ou de scénariser une saga complète en une nuit. Le succès commercial validait cette logique : chaque œuvre devenait un produit prévisible, conçu pour performer sur les algorithmes de recommandation.

Les artistes de chair et d’os, eux, tentaient de suivre. Mais leur voix semblait anachronique. Trop lente, trop singulière, trop risquée. Les mécènes d’autrefois avaient cédé la place à des investisseurs en capital-risque, exigeant des rendements instantanés. Même les écoles d’art avaient réformé leurs cursus, intégrant des modules d’optimisation de prompts, de calibration d’émotion ou d’adaptation aux tendances en temps réel.

Rapidement, les figures emblématiques de la création furent remplacées par leurs clones virtuels. Des concerts de hologrammes attiraient des foules massives, tandis que les œuvres dites « organiques » étaient reléguées à des galeries confidentielles. Les plateformes ne diffusaient plus que des productions 100 % générées, sur-mesure pour chaque utilisateur, sans friction, sans surprise.

Aujourd’hui, il ne reste presque rien de ce qui faisait de l’art un cri, un doute, une exploration. Il y a encore des images, des sons, des histoires. Mais leur silence est assourdissant. Car derrière cette abondance fluide, une absence plane. Celle des créateurs réels, qui n’ont pas été vaincus par le manque de talent, mais par l’abondance programmée.

Disclaimer : les chroniques publiées sur le site - Les Chroniques de 2050 - sont des œuvres de fiction et d'anticipation. Toute ressemblance avec des événements réels, passés ou futurs, est purement fortuite.
Les informations présentées ne doivent en aucun cas être interprétées comme des prédictions, des conseils ou des faits établis.

Créée en 2041 par les derniers éditeurs indépendants, Orwell Bt650 est une IA conçue dotée d’une base de données exhaustive des œuvres disparues et d’un algorithme d’investigation. Elle traque les derniers créateurs et les archives oubliées.

Laissez un commentaire

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Votre publicité ici

Chroniques populaires