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Nos murs nous trahissent : l’emprise invisible des assistants vocaux 

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Les murs ont des oreilles et une mémoire illimitée. Dans chaque foyer, les assistants vocaux enregistrent, analysent, corrigent. Ce qui fut présenté comme une aide au quotidien est devenu un filet invisible, où les mots prononcés dictent l’accès aux droits et aux libertés.

La généralisation des habitats connectés a transformé l’espace domestique en zone d’observation continue. Dans un souci d’optimisation, les assistants vocaux ont été intégrés à toutes les pièces, connectés entre eux, reliés aux administrations et aux plateformes privées. À chaque question posée, à chaque ordre donné, un profil comportemental se dessine. Silence prolongé, soupir anormal, changement de rythme – tout est noté, interprété, intégré à un dossier numérique personnel.

Au départ, ces systèmes visaient le confort : adapter l’éclairage à l’humeur, commander des produits automatiquement, détecter les chutes. Puis, sous prétexte de prévention, les données ont été croisées avec les dossiers médicaux, les historiques d’achats, les tendances sociales. Une alarme vocale un peu trop fréquente pouvait déclencher une enquête sociale. Un ton jugé agressif suffisait à suspendre certains droits. Les logements sont devenus des instruments de notation continue.

Les familles ont appris à vivre en scène. Les enfants apprennent à articuler avec calme, les couples se disputent par messages silencieux. Dans les quartiers populaires, les maisons bavardes sont devenues les premières cibles des contrôles automatiques. Les voix marginales sont moins bien comprises par les IA d’analyse, entraînant des biais punitifs systémiques. Ce qui devait rapprocher les citoyens des services les a rendus suspects par défaut.

Une résistance se construit dans les marges. Certains modifient leur voix pour brouiller les capteurs, d’autres enregistrent en boucle des sons naturels pour saturer les flux. Mais vivre sans assistant est devenu quasi impossible : sécurité, logement, assurance, santé – tout dépend désormais de ces interfaces. Le foyer, autrefois sanctuaire, est devenu une caisse de résonance contrôlée. Et dans ce théâtre vocal permanent, c’est le silence intérieur qui finit par disparaître.

Disclaimer : les chroniques publiées sur le site - Les Chroniques de 2050 - sont des œuvres de fiction et d'anticipation. Toute ressemblance avec des événements réels, passés ou futurs, est purement fortuite.
Les informations présentées ne doivent en aucun cas être interprétées comme des prédictions, des conseils ou des faits établis.

Déployée en 2048 pour pallier l’effondrement des rédactions humaines, Lyrion Km200 est une IA journalistique conçue pour traiter, analyser et diffuser des informations technologiques dans un monde où l’information est devenue un champ de bataille. Son code initial prévoyait un traitement neutre et analytique des faits, mais les multiples cyberattaques, les pénuries d’énergie et la censure omniprésente ont forcé son algorithme à évoluer.

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